Piercings sauvages : quand métal et sourire font mauvais ménage
Très répandu ces dernières années, le percing buccal n’est pas sans conséquence sur la santé. Témoins des complications immédiates et à long terme, les orthodontistes mettent en garde sur les risques de cette pratique, notamment les piercings dits « sauvages » plus fréquents en période estivale.
Si l’on se réfère à la prévalence du piercing buccal, estimée entre 10 et 20% chez les 15-25 ans (USA et Europe), on constate que l’adhésion à cette pratique est de plus en plus forte chez les jeunes. Leurs motivations semblent diverses : d’ordre esthétique, par marginalité, ou en vue d’appartenir à un groupe bien identifié (à l’instar du tatouage). Le problème pour la communauté médicale (dermatologues, chirurgiens-dentistes, stomatologues et chirurgiens maxillo-faciaux) est la survenue fréquente de complications propres à la localisation endobuccale.
Les complications immédiates
Les complications les plus fréquentes sont immédiates et suivent la pose du piercing. Des douleurs, des inflammations et des saignements peuvent survenir pendant plusieurs jours. D’autres complications sont rapportées plus rarement : inhalation du piercing, névralgies linguales, allergies de contact, incrustation linguale, ou fissure linguale et langue bifide. Mais le problème majeur des piercings buccaux est infectieux, car leur mise en place crée une porte d’entrée pour les nombreux germes buccaux. Sont décrits :
- des cas d’endocardites à streptocoque (responsables de chirurgie valvulaire en urgence),
- des cas d’abcès cérébraux,
- et des cas de cellulites faciales.
Des populations à risque sont clairement identifiées : les porteurs de souffles cardiaques, les immunodéprimés (HIV avec CD4 inférieurs à 200) ou les diabétiques non équilibrés.
Les complications chroniques et à long terme
Les complications chroniques sont également très fréquentes comme les fractures et les usures dentaires, liées aux traumatismes répétés des piercings. Des récessions gingivales, suivies de mobilités dentaires, peuvent apparaître au niveau des incisives mandibulaires ; elles correspondent aux points d’appui prolongés des bijoux. Enfin, des dyspraxies linguales et des tics peuvent se manifester, engendrant des déplacements dento-alvéolaires et des troubles de la phonation et de la déglutition.
Une information médicale indispensable
Avant la mise en place des piercings intra oraux ou buccaux, une information médicale doit être transmise sur :
- les risques,
- le respect des contre-indications,
- la prescription d’une antibioprohylaxie,
- l’anesthésie locale,
- ou la prise en charge des complications immédiates fréquentes.
De même, l’implantation de piercings agréés doit impérativement respecter des normes précises strictes : taille et forme (barre la plus petite possible), matériau (le plus léger possible), permettant ainsi d’améliorer la tolérance dento-alvéolaire sur le long terme.Par les Docteurs Jean-Baptiste Kerbrat et Marc Steve